Si le marché du cycle connaît, comme de nombreux secteurs économiques, un ralentissement conjoncturel, les Français ne boudent pas pour autant la petite reine. Le ministère des transports a dévoilé, au début du mois de mai, les résultats d’une enquête sur l’usage du vélo dans l’Hexagone en 2024. Une photographie de la pratique cycliste qui met en évidence un intérêt manifeste pour le vélo — 35% des sondés pédaleraient au moins une fois par mois — et qui laisse entrevoir également de nombreuses voies de progression. Qui sont les cyclistes d’aujourd’hui ? Quelles sont leurs habitudes ? De quel équipement disposent-ils ? Voici le point et quelques perspectives sur la façon dont les Français se vivent et se projettent derrière le guidon.
La majorité des Français pédale…
Certes, les ventes de vélos neufs subissent un coup de frein, mais la pratique, elle, se porte plutôt bien. C’est en substance ce que révèle l’enquête publiée, le 5 mai dernier, pour le compte de la Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilité et de la Délégation à la sécurité routière. Ce sondage, réalisé par l’institut CSA, selon la méthode des quotas, auprès de plus de 12 500 personnes, interrogeait dans le détail les Français sur leur rapport au vélo. Premier enseignement, une majorité de nos compatriotes pédalent. Et ils s’adonnent même à cette activité avec une certaine assiduité. Ainsi, 35% des sondés déclarent monter en selle au moins une fois par mois. Et près d’un quart du panel (24%) affirme pédaler au moins une fois par semaine. Parmi cette tranche de cyclistes très assidus, 10% enfourcheraient même leur monture tous les jours ou presque. Des chiffres globalement stables par rapport à 2023 qui témoignent de la bonne santé du vélo, mais qui cachent, toutefois, certaines disparités.

…avec des écarts selon les populations
Trois critères semblent particulièrement influencer la fréquence d’utilisation du vélo dans l’Hexagone : l’âge, le sexe et le niveau de revenu. Chez les cyclistes pédalant au moins une fois par semaine, les jeunes sont ainsi surreprésentés (36% ont entre 11 et 34 ans) alors que la part des seniors, est, en comparaison bien plus réduite (les plus de 65% ne sont que 13% à empoigner le guidon de manière hebdomadaire.)
Si l’écart de pratique entre les hommes et les femmes semble se réduire, les hommes restent plus nombreux à monter en selle régulièrement. 29% d’entre eux pédalent au moins une fois par semaine alors que ce chiffre n’atteint que 20% chez les femmes.
Autre déséquilibre marquant, le niveau de ressource. Longtemps considéré comme un moyen de locomotion populaire et bon marché, le vélo est aujourd’hui largement adopté par les foyers les plus aisés. Plus on gagne d’argent, plus on pédale indiquent les résultats de l’enquête. Ainsi, 22% des sondés disposant d’un niveau de revenu situé entre 500 et 1000 euros par mois pédalent régulièrement. Un chiffre qui s’envole à 42% pour la tranche de revenu 7001 à 8000 euros.
Des écarts que l’on retrouve mécaniquement en comparant la fréquence d’utilisation du vélo selon la situation professionnelle. Les chefs d’entreprise sont ainsi 42% à monter en selle au moins une fois par semaine. Chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, ce chiffre s’élève à 32% tandis qu’il chute à 23% chez les personnes à la recherche d’un premier emploi.
La région de domiciliation fait-elle également office de variable dans la pratique du vélo ? Relativement peu. La part de cyclistes réguliers oscille entre 20% (Provence-Alpes-Côte-d’Azur + Corse) et 27% (Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est). En revanche, la différence est bien plus marquée si l’on compare l’unité urbaine de Paris (39% de cyclistes réguliers) à l’ensemble des espaces ruraux (19%).

45% des cyclistes utilisent le vélo comme moyen de déplacement
Le vélo comme outil de mobilité a encore du chemin à parcourir. Quand les Français montent selle aujourd’hui, c’est avant tout pour faire du sport ou une promenade. Bref, le vélo reste majoritairement un instrument de loisirs. 45% des cyclistes sondés l’utilisent, toutefois, comme un moyen de déplacement. 17% pour du vélotaf, 8% pour rejoindre leur lieu d’étude, 28% pour aller faire des achats, 23% pour se rendre à une activité ou un rendez-vous et enfin 7% comme support de locomotion professionnel (livreurs, cyclologistique etc).
Quelle distance les cyclistes les plus assidus parcourent-ils en moyenne ? Chez ceux qui déclarent pédaler au moins une fois par semaine, le kilométrage hebdomadaire total s’élève à près de 24 km. Ces derniers effectuent des trajets quotidiens d’environ 3 km la semaine et de l’ordre de 4,5 à 5 km le week-end.
Si l’on considère spécifiquement les trajets vélotaf, la distance moyenne atteint 3,7 km, mais celle-ci varie assez sensiblement selon la situation professionnelle. Les professions intermédiaires déclarent ainsi pédaler 8,3 km en moyenne, les cadres et professions intellectuelles supérieures 7 km.
Enfin, la saisonnalité influence grandement la pratique. 32% des cyclistes utilisent leur vélo toute l’année avec, sans surprise, une baisse d’activité importante l’hiver. 34% des personnes interrogées pédalent en cette saison alors qu’elles sont 92% l’été. Et pourtant, avec un équipement adapté, il est possible de monter en selle dans toutes les conditions !

Le cargo, le gravel et les vélos d’occasion se portent bien
Les Français possèdent en moyenne 0,4 vélo par personne. Mais de quels types de cycles s’agit-il ? Les vélos de ville (46,4%) et les VTT/VTC (40,4%) trustent, et de loin, les deux premières places. Puis viennent les vélos de route (8%), les pliants (1,8%) et enfin les cargos (1,3%). Notons que 28% de ces vélos sont des vélos à assistance électrique.
Des chiffres qui font écho au bilan de l’Union sport et cycle (USC) rendu public, lui aussi, au début du mois de mai. L’organisation qui regroupe de nombreux professionnels de la filière vélo dresse chaque année un état des lieux du marché du cycle. Verdict : les ventes de vélos ont ralenti en 2024 par rapport à l’année précédente (-12%). Et cette baisse touche également les VAE (-16%) jusqu’alors moteurs de la filière. Il convient, toutefois, de replacer cette diminution dans son contexte. Le vélo à assistance électrique qui représente aujourd’hui près d’un tiers des ventes de vélos neufs (29%) a vu sa croissance multipliée par dix en dix ans ! De plus, malgré le ralentissement général, certains segments affichent une santé de fer, comme le cargo (+5% en 2024) ou les VAE de route et de gravel (+33%). Ces deux dernières catégories, incarnations de la bonne santé du vélo sportif et de loisir, ne brillent pas qu’en version électrique. Les ventes de gravel musculaires grimpent de 5%, celles de vélos de route de 13%.
Un autre chiffre relativise également la tendance à la baisse du marché. Si le neuf patine, les ventes de vélos d’occasion décollent. 158 000 vélos de seconde main ont été vendus par des professionnels en 2024 soit une hausse de 9% par rapport à 2023. Les demandes de réparation prennent également de l’ampleur (+3,5% par rapport à 2023, +44% par rapport à 2019), signe, sans doute, que le marché a franchi un nouveau palier de maturité. En 2024, 1,9 million de vélos neufs ont été vendus en France. Près de 6 millions de réparations ont été enregistrées en atelier. Aujourd’hui, on répare donc beaucoup plus qu’on achète, preuve que le vélo est un outil durable.
Pour souligner l’ancrage de la petite reine dans les habitudes des Français, l’Union sport et cycle met également en avant, dans son rapport annuel, le taux de fréquentation des pistes cyclables (+37% entre 2019 et 2024) ainsi que l’investissement des entreprises qui, en 2024, ont acheté 19127 vélos soit une hausse de 16% par rapport à l’année précédente.

Un cycliste sur trois porte un casque
L’enquête révélée par le ministère des Transports sur l’usage du vélo traite également un sujet sensible : le rapport des cyclistes français à la sécurité. Elle aborde notamment une question polémique : les cyclistes respectent-ils les feux de signalisation ? En la matière, leur auto-évaluation semble plutôt positive. 66% affirment s’arrêter toujours au rouge et 18% presque toujours. 60% d’entre eux connaissent par ailleurs la signification du panneau M12 qui autorise les cyclistes à considérer un feu comme un cédez-le-passage. Et le casque ? 33% des cyclistes le porteraient toujours (un chiffre en hausse)… et 36% jamais. S’il n’est pas obligatoire en France passé l’âge de 12 ans, il est néanmoins vivement recommandé.
Un cycliste sur quatre arborerait toujours ou souvent un gilet de haute visibilité. Pour rappel, il est obligatoire hors agglomération de nuit ou lorsque la visibilité est insuffisante.
Enfin, 16% concéderaient porter, en selle, un casque audio ou des oreillettes. 7% utiliseraient également leur téléphone au guidon. Deux pratiques interdites susceptibles d’être sanctionnées d’une amende de 135€.
Pour conclure, mentionnons deux derniers chiffres relayés par le bilan de l’Union sport et cycle. Dans l’Hexagone, 81% des femmes ont une image positive du vélo. 51% d’entre elles pensent même que c’est l’avenir des déplacements. Chez Cyclable, on ne peut qu’abonder dans leur sens !