Qu’est-ce qu’une bonne selle ? Si la partie la plus charnue de votre anatomie tolère mal vos passages derrière le guidon, vous vous êtes sans doute déjà posé cette question fondamentale. Existe-t-il un modèle idéal pour prévenir les douleurs et réconcilier votre postérieur avec la petite reine ? Impossible, bien entendu, de dresser le portrait robot de l’assise parfaite et universelle. Et pour cause, chaque cycliste, selon sa morphologie, son poids, son genre ou sa pratique, est soumis à des besoins particuliers. Quels critères, toutefois, prendre en considération pour cibler la selle la mieux adaptée à son profil ? Quelles sont les spécificités des modèles présents sur le marché ? Voici nos conseils pour préserver l’intégrité de votre séant et optimiser votre confort d’assise à vélo.
Fesses en compote, les origines du mal !
Au quotidien, lors d’un trajet vélotaf, par exemple, la sensation peut déjà s’avérer fortement incommodante. Mais durant une randonnée prolongée ou pendant un voyage au long cours, le désagrément peut tout bonnement tourner au calvaire. C’est l’un des tourments les plus redoutés des cyclistes, un mal sournois qui peut annihiler tour plaisir de rouler. Echauffements, irritations, douleurs tendineuses ou musculaires, engourdissements… A vélo, les afflictions du postérieur sont relativement courantes. Elles peuvent prendre plusieurs formes et se présenter sous différentes intensités : de la simple gêne passagère à la desquamation insupportable. Une fatalité ? Pas nécessairement ! Sauf exception, rien ne vous condamne à devoir composer avec la douleur. Si vous êtes sujet à ce mal pernicieux, sachez qu’il existe des solutions pour réduire vos peines et améliorer considérablement votre confort de pédalage. Encore faut-il identifier les origines de votre trouble pour mieux les traiter. Car les racines du mal sont nombreuses et les moyens de le combattre le sont tout autant. Voici quelques pistes pour vous aider à régler vos problèmes de selle et à retrouver la joie de pédaler.
Une affaire de réglage ?
Et si votre selle n’était pas directement la cause de vos douleurs ? En effet, avant de changer de modèle, il convient de se poser une question essentielle. Est-elle bien réglée ? Ce point n’a rien d’anecdotique car, en la matière, quelques millimètres peuvent faire toute la différence… pour préserver votre séant, mais également vos genoux, votre dos et optimiser votre efficacité de pédalage. Vous disposez de trois variables d’ajustement. La hauteur, bien sûr, mais également le recul et l’inclinaison.
- Comment régler votre hauteur de selle à la maison ? Enfourchez votre vélo en vous stabilisant à l’aide d’un mur. Effectuez quelques coups de pédales en arrière pour positionner correctement votre bassin. Placez une de vos pédales à 6 heures, le talon en appui. Si votre jambe est tendue, votre hauteur de selle est correctement réglée. Si celle-ci est fléchie, il convient de la remonter un peu. A l’inverse, si votre talon ne touche pas la pédale, il est nécessaire de baisser votre selle. De cette façon, en pédalant normalement avec l’avant du pied, vous devriez constater une légère flexion de votre genou lorsque la pédale est à son point le plus bas. La position idéale pour ménager votre assise et vous garantir des coups de manivelles efficients.
- Comment régler le recul de votre selle ? Placez, cette fois, vos pédales à l’horizontal. A l’aide d’un fil à plomb (ou d’un lacet auquel vous avez suspendu un petit objet lourd), comparez l’alignement de votre genou avec l’extrémité avant de votre manivelle. Ils doivent être parfaitement alignés pour que votre selle soit correctement réglée. Si ce n’est pas le cas, il conviendra de l’avancer ou de la reculer (en desserrant les vis du chariot) pour placer les deux repères sur la même ligne. Ce réglage peut s’avérer déterminant pour prévenir les problèmes de genoux.
- Comment régler l’inclinaison de votre selle ? Parfaitement horizontale ! Voilà la position privilégiée par une grande majorité de cyclistes. Pour vous assurer que votre selle est bien droite, vous pouvez utiliser un niveau à bulle ou avoir recours à une application qui offre les mêmes attributs à votre smartphone. Tout le monde, toutefois, ne jure pas que par la selle plate. Certains préfèrent lui imprimer une très légère inclinaison. En la penchant d’un ou deux degrés vers l’avant, il est possible de réduire la pression sur le périnée. Une piste à explorer, peut-être, si vous êtes sujet à des douleurs récurrentes dans cette zone.
A l’inverse, une inclinaison ténue vers l’arrière peut vous aider à mieux ancrer votre position, notamment, si vous avez tendance à glisser vers le bec de selle.
Attention, toutefois, dans ce domaine, la subtilité et l’expérimentation priment. Quel qu’il soit, un ajustement trop prononcé peut s’avérer contreproductif et déclencher l’apparition de nouvelles souffrances, non seulement au postérieur, mais aussi, aux genoux, au dos, au cou ou encore aux poignets… Fiez-vous à votre ressenti et corrigez le tir à l’apparition de la moindre douleur.
La taille, ça compte !
Une selle, c’est personnel ! Entendez par là que la selle que votre voisin porte aux nues ne fera pas nécessairement votre propre bonheur. Pour quelles raisons ? Selon votre poids, votre genre ou votre morphologie, vos besoins en termes d’assises seront différents. Mais d’autres critères doivent être pris en compte au moment de choisir une selle. Voici les principaux :
- L’écartement entre les ischions : ces os du bassin supportent le poids de notre corps en position assise. Ils sont donc particulièrement sollicités à vélo, notamment si la distance s’allonge. Pour les ménager, il convient de cibler une selle adaptée à votre taille. Il s’agit donc de mesurer la distance qui sépare vos deux ischions. Une opération réalisable chez vous avec un simple tabouret et deux morceaux de carton souple. Asseyez-vous sur le tabouret le dos droit et les genoux à 90° en ayant placé au préalable sous vos fesses les deux carrés de carton. Avec vos mains, tirez fortement sur l’assise. Exercez cette pression pendant environ une minute. En principe, les têtes osseuses de vos ischions devraient laisser une marque visible sur le carton (l’opération peut également être réalisée plus facilement avec un coussin à mémoire de forme). Identifiez le centre de ces empreintes avec un feutre. Il ne reste plus qu’à mesurer la distance entre ces deux points. Ajoutez ensuite entre 2 cm (pratique sportive) et 4 cm (pratique loisir) pour obtenir la largeur de selle qui vous convient. Du moins sur le papier. Car cette mesure reste indicative. Si elle constitue une référence pertinente dans la grande majorité des cas, elle peut être modulée par d’autres critères propres à chacun (souplesse dorsale, angle du sacrum, posture…)
- Votre pratique et, par conséquent, votre position à vélo : c’est un facteur clé pour déterminer votre selle idéale. En effet, un adepte de l’ultra-cyclisme désireux d’enchaîner les kilomètres en un temps record n’aura pas les mêmes besoins qu’un cycliste urbain occasionnel. Il convient donc de se poser cette question essentielle : quel usage faite-vous de votre vélo ?
–Si vous êtes un aficionado du vélo de route ou du gravel sportif, il y a de fortes chances pour que vous recherchiez une posture propice à la vitesse, avec un angle dorsal inférieur à 30° (position inclinée)… quitte à faire quelques concessions sur l’agrément d’assise. Dans ce cas, votre guidon sera positionné plus bas que votre selle. Votre poids reposera alors en grande partie sur le cintre et les pédales. Une selle longue et effilée limitant les frottements au niveau des cuisses et permettant de basculer vers l’avant pour une posture plus offensive sera, sans doute, à privilégier.
–Si vous êtes adepte des balades en VTC, des randos le temps d’un week-end ou même des voyages au long cours, alors vous serez probablement en quête de confort dans la durée. Mais également d’un minimum de dynamisme pour pouvoir affronter tous les terrains avec vos sacoches. Un vélo avec une selle située au même niveau que votre guidon est alors recommandé. Dans cette configuration, vous pédalerez en position semi-inclinée avec un angle dorsal s’échelonnant entre 30° et 60°. Une selle intermédiaire et polyvalente, comme la selle de randonnée SMP TRK, pourrait correspondre à vos besoins.
–Si vous roulez essentiellement en ville, avec le confort comme priorité, vous évoluez sans doute sur un vélo doté d’un guidon situé plus haut que votre selle. Vous pédalez donc en position droite, à la hollandaise, avec un angle du dos de 60° à 90°. Pour optimiser votre bien-être, il est conseillé de cibler une selle avec un profil large et un soutien d’assise concentré sur l’arrière de manière à bien répartir les points de pression et à offrir une stabilité optimale, comme par exemple la selle pour vélo de ville SMP Martin Touring Gel.
Vous roulez en vélo à assistance électrique ? Sachez qu’il existe des selles spécialement conçues pour répondre aux spécificités de cet usage, chez SMP notamment, avec des modèles comme la SMP E-City ou la SMP E-TRK dédiée à la randonnée en VAE.
Forme, rembourrage, matière, les autres critères à considérer
Certes la taille compte, mais elle ne fait pas tout ! D’autres éléments peuvent influer considérablement votre confort d’assise. Et en particulier :
- La forme de votre selle : –les selles arrondies sont particulièrement réputées pour leur confort. Elles limitent efficacement les échauffements et réduisent les traumatismes au niveau du périnée. Elles conviennent notamment aux cyclistes qui positionnent leur bassin sur l’arrière de l’assise. Une forme idéale pour du vélo urbain, de la promenade ou de la rando sans recherche de performance.
–Les selles plates : elles favorisent une position sur l’avant et sont davantage adaptées à un usage sportif ou de la longue distance active. Leur forme facilite les changements de position, mais génère des zones de pression plus marquées.
–Les selles semi-arrondies : un entre-deux synonyme de polyvalence qui pourra être utilisé pour du vélotaf ou de la randonnée active, par exemple.
- Le canal central : vous l’avez sans doute déjà observé, certaines selles présentent un canal central creusé voire totalement ajouré. C’est le cas notamment des selles ergonomiques de l’emblématique marque italienne SMP, disponibles chez Cyclable. Cette caractéristique permet de soulager le périnée et de mieux répartir les points de contact avec l’assise. Une solution qui a déjà amélioré la vie de nombreux cyclistes au quotidien ou en randonnée.
- La matière de l’assise : la plupart des selles disposent d’un revêtement en synthétique (polymère), étanche et résistant. C’est le cas notamment des modèles SMP ou Selle Royal. Mais Cyclable propose également des selles conçues avec d’autres matériaux, le nylon, le coton et le cuir naturellement. Une marque incarne l’excellence à ce sujet, le Britannique Brooks. Spécialiste du cuir tanné, l’équipementier fabrique des selles de vélo depuis 1882. Ses modèles, en particulier, l’emblématique B17, font référence au sein de la communauté des cyclovoyageurs où ils sont appréciés pour leur souplesse, leur durabilité et… leur style vintage iconique ! Une selle en cuir nécessite toutefois quelques précautions d’emploi particulières. Elle doit tout d’abord être rodée, à la manière d’une paire de chaussures de randonnée. Entendez par là, qu’il vous faudra chevaucher plusieurs heures avant qu’elle ne s’adapte à la morphologie de votre postérieur et vous offre tout son potentiel en termes de confort. Il vous faudra également nourrir le cuir tous les 3 à 6 mois avec une graisse spécifique pour qu’elle conserve son aspect et toute sa souplesse dans le temps. Prisée des adeptes de la bourlingue sur deux roues, la marque Brooks développe également des selles pour un usage urbain ou pour les sportifs avec, notamment, la gamme Cambium.
- Le rembourrage : là encore, plusieurs matériaux peuvent être utilisés, seuls ou combinés. Le plus fréquent est sans doute la mousse en polyuréthane qui peut être appliquée en différents niveaux d’épaisseur sur les zones « stratégiques » de la selle. Pour réduire la pression sur les points de contact et augmenter la sensation de confort, des renforts en gel équipent certaines selles. Chez SMP, par exemple, la plupart des modèles emblématiques sont disponibles avec l’option gel.
Certains modèles sont également montés sur ressorts pour absorber les cahots de la route et optimiser votre confort.
Vous l’avez compris, cet article distille des préconisations théoriques générales. Mais en matière de selle, les cas particuliers sont considérablement nombreux. Alors n’hésitez pas à pousser les portes d’un magasin Cyclable pour bénéficier des conseils personnalisés de nos techniciens vendeurs. Une dernière recommandation : certaines pathologies contraignent à l’utilisation de selles spécifiques, sans bec, par exemple. Si vous êtes concernés, faites-vous orienter par votre médecin.